Claudia Girola
Maitresse de Conférence de Sociologie (Section CNU 19)
Fonctions et responsabilités actuelles
-Responsable du M1 Sociologie et Philosophie politique- Master Sciences sociales- Département de Sciences sociales- UFR-IHSS (depuis 2008)
-Responsable général de la mobilité internationale (ERASMUS+ Hors Europe) du Département de Sciences sociales- IHSS (depuis 2013)
–Évaluatrice au CIEP d’Assistants linguistiques aux pays étrangers (depuis 2013)
-Membre élue du Conseil du Département de Sciences sociales (depuis 2011)
-Membre titulaire du Laboratoire du changement social et politique (LCSP) de l’axe théorie sociale et pensée politique
-Co-responsable du Séminaire de recherche « Enseignement, recherche et création en milieu carcéral » avec A Rabaud, I. Berthonnet et R. Salado. (Depuis 2019).
– Membre du comité de rédaction de la Revue Tumultes – Ed. Kimé
Domaines de recherche
Mes recherches portent sur une anthropologie et sociologie de classes subalternes à travers une ethnographie compréhensive et réflexive. Je m’intéresse aux logiques d’actions, territorialités et temporalités biographiques, aux expériences de l’habiter, à la mémoire sociale et politique et aux processus de subjectivation socio-politiques dans contextes de pauvreté extrême en France, Argentine et Haïti.
Mots clés : pauvreté, sans abrisme, construction sociale de la personne, processus de subjectivation, liminarité, ethnographie, sciences sociales critiques, espace public, récit de vie, politiques sociales.
Synthèse du parcours enseignement-recherche et contexte d’exercice
1976-1986 – J’ai étudié sciences anthropologiques à l’Université de Buenos Aires (UBA) où j’ai obtenu le diplôme de Professeur d’Enseignement Secondaire en Sciences Sociales (Bac +5) et le diplôme de troisième cycle Sciences Anthropologiques (Bac+7). Thèse : La transmission des préjugés sociaux par les enseignants de l’école primaire. C’était la période de la dictature civique-militaire (1976-1983) contexte qui m’a amenée à observer comment certains secteurs de la population y faisaient face, entre résistances quotidiennes et soumissions non consenties. Financée par l’UBA j’ai ainsi travaillé sur la production sociale des élèves de l’école primaire provenant de familles précaires, désignés « élèves à problème » et parallèlement j’ai réalisé une autre recherche sur le régime de propriété et la distribution « inégalitaire » de la terre dans la province de Jujuy, chez les paysans aymaras et quechuas. Puis dans le cadre du retour à la démocratie, j’ai réalisé une recherche sur la réorganisation sociale et politique des habitants des bidonvilles et des quartiers populaires à Buenos Aires, financée par l’UBA et le Gouvernement national. Cette expérience a été fondatrice dans ma carrière tant par la dimension d’une recherche engagée que par l’aspect des thématiques que j’ai abordées par la suite. Parallèlement à ces recherches j’ai été recrutée comme professeure contractuelle d’anthropologie et sociologie à la Faculté de Philosophie et lettres, carrière de Sciences anthropologiques à l’UBA.
J’ai participé également de la mise en place du CBC (Cycle de Base Commun) de l’UBA (Formation initiale pour toutes les carrières) qui a participé à l’réouverture de l’Université publique après la dictature militaire (1976-1983).
1986-1990 – En 1986, j’ai intégré une équipe de recherche en éducation populaire à l’Université Nationale de Lujan financée par l’UNESCO. En 1988, j’ai obtenu une bourse de recherche du Centre d’Etudes Scientifiques et Techniques d’Argentine (CECYT) reconduite 2 ans (évaluation excellente).
En 1989 j’ai été recrutée comme professeure d’anthropologie sur concours national à l’Université Nationale de Lujan (1987-1995).
Parallèlement aux enseignements, j’ai réalisé pendant 4 ans, une recherche ethnographique socio-urbaine dans un quartier en situation de précarité de la ville de Lujan (à 60 km de Buenos Aires), où se déroulait le projet d’éducation mentionné, financée par l’UNESCO. Ce projet a donné lieu à un rapport publié par cette dernière institution. Parallèlement j’ai fait des études de post graduation à la Faculté Latino-américaine en Sciences Sociales à Buenos Aires (FLACSO) (1988-1990).
1990-2007 – Cette recherche me conduira, une fois arrivée en France, à la rédaction d’un DEA en Anthropologie Sociale et Ethnologie à l’EHESS s/direction de G. Althabe : “Nous voulons être un quartier”. Une métaphore identitaire. Ethnographie de la dynamique identitaire d’un quartier périphérique de la ville de Lujan de 1987-1989, (240 p). A l’observation et l’analyse des interactions politiques et sociales plurielles s’est joint un intérêt pour la pluralité des mémoires sociales et politiques des années de la dictature à travers lesquelles se redéfinissaient les alliances et les confrontations entre les différents acteurs sociaux et politiques du quartier.
A partir des années 1990 j‘ai commencé à faire des recherches pour différents organismes nationaux et associations en France qui s’interrogeaient sur la présence accrue des personnes sans abri dans l’espace public et les « guichets » de l’Etat social (INED, DASS des Hauts-de-Seine, ministère de l’Équipement urbain (PUCA), Association pour le logement dans les Hauts-de Seine, Association pour le logement à Saint-Étienne, Club de prévention sociale des Canibouts Nanterre, GISTI). Ces différentes recherches ont donné lieu à des rapports et publications sur la question du sans-abrisme qui feront partie des travaux pionniers dans la recherche sur la problématique du sans abrisme en France.
En 1998 j’ai été recrutée par l’université de Lille 3, comme ATER en Sociologie et Anthropologie pendant quatre ans (catégorie 2§8)[1], j’ai pu ainsi reprendre mes activités d’enseignement universitaire que j’avais entamé en Argentine , pratique pédagogique qui s’est poursuivie dans des écoles de travail social jusqu’à 2008.
Parallèlement j’ai poursuivi mes recherches sur la problématique des personnes sans abri en France en m’intéressant sur les formes d’affirmation de soi dans des situations extrêmes (territorialités, processus de subjectivation, don et entre-don identitaires, mémoires sociales des expériences extrêmes, ethnographie réflexive et narrative).
1999-2003 – Participation au Programme sur l’hospitalité communale dirigé par A. Gotman (financé par le PUCA et la Maison des Sciences de l’Homme). J’ai travaillé sur les archives de la commune de Nanterre et celle de la police de Paris, afin de comprendre l’origine du discours séparatiste à Nanterre vis-vis des pensionnaires de la Maison de Nanterre qui démontre les limites de l’hospitalité communale. Un rapport et trois articles sont issus de ce projet.
2007 – Cette longue enquête mentionnée ci-dessus, a accompagné la rédaction (s/la direction de G. Althabe (EHESS) jusqu’à son décès en 2004 puis de Weber (ENS)) de ma thèse de doctorat en Anthropologie Sociale et Ethnologie à l’EHESS-Paris soutenue en 2007 : De l’homme liminaire à la personne sociale. La lutte quotidienne des sans-abri (620 p. mention Très honorable avec félicitations du jury à l’unanimité et mention spéciale au titre du prix de thèse). En janvier 2008, j’ai été qualifiée aux fonctions de Maître de conférences en section 20 (anthropologie, ethnologie) et en section 19 (sociologie, démographie).
2008-2012 – J’ai été recrutée en tant que MCF de Sociologie à l’UFR Sciences Sociales de l’Université Paris 7 (2008). J’ai pris immédiatement la responsabilité du Master 1 de Sociologie et Philosophie politique que j’assure encore aujourd’hui. Je me suis impliquée dans le projet de recherche du CSPRP (aujourd’hui LCSP) sur les processus de subjectivation. Mes travaux se sont inscrits dans une sociologie et anthropologie des formes de subjectivation des groupes sociaux subalternes dans des situations extrêmes de vie. J’ai pu échanger et travailler avec une autre équipe de recherche de l’Université d’Oldenburg, en Allemagne. Deux publications sont issues de ces échanges.
2009 à 2012 – Co-fondatrice du premiers réseau sans abrisme et co-organisatrice du séminaire Demande sociale, politique et recherche à propos des situations de sans-abrisme dans les villes, avec P. Pichon, B. Ravon (Univ. Lyon) et S.Roy (Univ. Montréal) et N. Murard (Paris7) (actuellement réseau Aux frontières du sans abrisme).
Pendant cette période j’ai été membre chercheur du Projet ECOS-sud (Argentine (Univ. Gral Sarmiento-France (Univ. Paris Diderot) dirigé par É. Tassin (CSPRP), Espace public et conflictualités démocratiques Argentine-France qui a donné lieu à deux publications. J’ai organisé un séminaire de recherche sur « Espace public et personnes en situation de rue » avec des doctorants-es de philosophie de l’Université Nationale de General Sarmiento (Buenos Aires)
2013-2018 – Participation à la création du Centre d’Histoire Contemporaine de Haïti, avec É. Tassin (Univ. Paris Diderot), B. Cenatus (doyen de l’ENS de Port au Prince), S. Douailler (Univ. Paris 8). Dans ce cadre, j’ai mis en place un séminaire sur l’ethnographie de la mémoire collective sur les crimes de la dictature en Haïti, destiné aux étudiants de sociologie et philosophie politique de l’ENS et de l’Univ. d’État d’Haïti et financé par un partenariat Paris 8-Fokal-LCSP (Univ. Paris Diderot). Cette formation s’est articulée à une recherche que j’ai co-dirigée avec N. Murard (2014-2016) sur la mémoire d’un massacre qui a eu lieu à Kazal (village rural au nord de Port au prince) par les forces duvaliéristes). Ces activités ont débouché en juin 2015 sur l’organisation d’une rencontre (Rencontre de mémoires- Haïti-Argentine-France) à Buenos Aires (Univ. Gral. Sarmiento + Univ. Paris Diderot + Univ. Paris 8 + FOKAL-Haïti) où j’ai été une des membres de la commission organisatrice de cette rencontre. Dans ce cadre j’ai coordonné et animé deux rencontres avec deux équipes de chercheurs qui travaillent sur la problématique de violence, mémoire et dictature (l’ONG Equipe argentin d’anthropologie forense (légistes) qui s’occupe d’identifier et de récupérer les corps des disparus victimes des régimes totalitaires et l’équipe de recherche sur mémoire et forces armées (Université Nationale de San Martin et IDES).
Ma recherche sur les processus de subjectivation dans des situations limites a continué et s’est prolongée dans une série des projets : Visibilité du handicap et de la vulnérabilité, financé par l’Institut des Humanités, Paris-Diderot où j’ai organisé avec N. Murard le séminaire Invisibles et surexposés : l’espace public à l’épreuve des handicaps et des vulnérabilités entre 2013 et 2015.
Entre 2013 et 2016 j’ai été chercheuse titulaire dans le Projet ECOS-Nord, Comprendre la subjectivation politique aujourd’hui. Expériences et conceptualisations (Colombie/France). J’ai donné un séminaire de recherche à des doctorants et chercheurs à l’Université de Los Andes, Bogota, Colombie.
2017-2019 – j’ai entamé une recherche en tant que membre titulaire du projet sur la recherche militante dans le cadre des groupes du Conseil Latino-américain de Sciences sociales (CLACSO).
2018-2021 – En 2018 j’ai obtenu un CRCT où j’ai pu initier un travail de recherche en Argentine dans la logique de la revisite des terrains. J’ai réalisé une prospection des politiques adressées aux sans-abri dans la ville de Buenos Aires et rencontré des anciens sans-abris hébergés dans le Centre d’Hébergement de la Municipalité de Buenos Aires.
En 2020 – montage avec trois enseignantes-chercheuses de la Pontificia Universidade Catolica de Minas Gerais-PUCMINAS et de l’Université du Estado de Minas Gerais (UEMG)), d’un séminaire de formation à la démarche ethnographique réflexive dans le cadre du Programme de Post-graduation –Stricto-sensum en Sciences sociales de l’UEMG et du département de postgraduation de PUCMINAS. Nous avons initié en novembre 2020 (période de la pandémie) un cours- conférence à distance : Vies en situation de rue : réflexivité et narratives d’un itinéraire ethnographique. Participants de cette formation : Doctorants-es, Post-doctorants, Enseignants-chercheurs titulaires brésiliens, argentins et français.
Depuis 2013, je suis membre de l’Atelier sociologie narrative (Université de Bretagne Occidentale (UBO) + Université de Paris Cité (LCSP- URMIS + Univ. Paris 8), où j’ai des publications et suis lectrice-éditrice. Cet Atelier a été créé en 2013 par Jean-François Laé, Annick Madec et Numa Murard. Il cherche d’autres manières de raconter les expériences sociales et « ce qui fait nos sociétés ». En février 2020 j’ai lancé dans le cadre de l’Atelier Sociologie narrative un « Journal collectif des expériences quotidiennes en temps tumultueux (grèves massives et pandémie) » où j’invitais à écrire et partager les expériences quotidiennes de ces temps incertains, expériences que nous risquons de perdre dans l’oubli, en raison de leur caractère éphémère, malgré le trop plein de sens en elles contenues (http://sociologie-narrative.lcsp.univ-paris-diderot.fr/Pour-un-journal-collectif-des-experiences-quotidiennes-en-des-temps-tumultueux).
En 2011 a été créé le DU « Formation aux humanités » de l’Université Paris Cité (à l’époque Paris Diderot) destiné aux étudiants empêchés de la Maison d’arrêt La Santé et celle de Fresnes, dont je fais partie des premiers membres de l’équipe d’enseignants-chercheurs. Cet enseignement est en présentiel, modalité unique en France. Ma pratique pédagogique et l’expérience dans l’interaction avec les étudiants m’a amené à m’intéresser en termes de recherche aux sens que les détenus donnent à leur expérience de l‘enfermement. C’est ainsi que j’ai initié un projet de recherche focalisé sur la production de leurs récits écrits dans l’esprit de la sociologie narrative, projet que je continue.
Dans ce cadre, en 2019, avec trois autres membres EC du DU « Formations aux Humanités », provenant de disciplines différentes (Anthropologie, Sociologie, Littérature comparée et Economie) appartenant à de différents départements, UFR et laboratoires (IHSS-LCSP et URMIS/ Ladys-GHESS et CERILAC) nous avons organisé un séminaire interdisciplinaire intitulé « Enseignement, recherche et création en milieu carcéral » (il a reçu deux ans (2022-23 et 2023-24) l’appui financier de l’IHSS) où des intervenants (chercheurs en sciences sociales, artistes, littéraires, chercheurs en éducation en milieu carcéral entre autres) sont invité-e-s à présenter leurs recherches et expériences. Ce séminaire marque l’engagement d’une recherche ouverte sur la Cité.
Je continue toujours mes recherches sur les personnes en situation de rue en focalisant les trois figures anthropologiques (individu, personne sociale et sujet) qui émergent de leurs pratiques sociales. Je procède également à une révision critique des concepts mobilisés tout au long de mes recherches (résistance, subjectivation, situation extrême) afin de rendre compte de leurs apports épistémologiques mais aussi de leurs limites. Je fais ainsi retour à des terrains anciens en France et en Argentine ce qui nourrit actuellement la rédaction d’un ouvrage à ce sujet.
(Voir le détail des activités scientifiques et les publications dans le CV joint).