Comment résister à l’aplatissement du réel auquel conduisent la vision utilitariste et néolibérale de l’individu, mais aussi la critique systématique de la domination ? En rendant justice au côté lumineux du social, ce qui n’exige en rien de nier ses côtés obscurs. C’est dans cette ambivalence que Philippe Chanial nous invite à cheminer. Il examine le lien amoureux, la communauté des amants, mais aussi le désir comme violence. Dialoguant avec les théoriciennes du care, il envisage le soin, à la fois sublime et routinier, comme un “pouvoir des faibles” qui n’est pas dépourvu d’aspects sombres. Considérant la relation d’aide ou de secours qui se joue entre le pauvre et son bienfaiteur (individuel ou collectif), il discute ce gouvernement de la misère qui ramène les plus démunis au statut d’“assistés” ou de débiteurs perpétuels. Face à la crise écologique, il plaide pour une “éthique de la Terre”, l’ouverture de nos communautés d’appartenance aux communautés non humaines, et appelle à nouer avec la nature de nouvelles formes de réciprocité.
En compagnie de sociologues, philosophes, poètes – et en premier lieu de l’anthropologue Marcel Mauss dont l’Essai sur le don semble plus actuel que jamais –, Philippe Chanial invite à reconnaître toute la puissance de nos généreuses réciprocités sans lesquelles il n’est pas de monde commun. Il fraie ainsi, à la lumière du don, de nouveaux chemins d’émancipation
Mars, 2022
13.50 x 21.50 cm
336 pages