Sociologie clinique et psychosociologie

L’axe clinique regroupe deux courants : la sociologie clinique et la psychosociologie. Ils ont en commun une approche clinique qui porte l’attention sur les processus sociopsychiques à l’œuvre dans les institutions, les organisations et les groupes. Son épistémologie associe les femmes et les hommes qui vivent et (re)produisent les faits sociaux à l’élaboration de connaissances, en mobilisant des méthodes spécifiques : entretiens individuels ou collectifs de co-construction, échanges de pratiques, histoires de vie, observation dialoguante, photolangage, sociodrame… La clinique est donc un moyen de recherche mais aussi de transformation des rapports sociaux, avec une visée émancipatrice.

La clinique est porteuse d’une théorie dialectique du sujet. Celui-ci est saisi comme assujetti à des forces sociales et psychiques multiples et contradictoires, mais aussi comme auteur et autrice de transformations sociales, et de sens. Enfin, loin de croire à la neutralité du chercheur, l’épistémologie clinique théorise le fait que son activité est inscrite dans une histoire sociale et subjective. Elle questionne la manière dont celle-ci intervient dans la construction du savoir scientifique et, par l’objectivation sociologique, cherche à en faire une ressource pour la démarche de recherche et d’intervention. Elle est attentive aussi aux effets de transfert et contre transfert dans les relations qui s’y déploient.

Cette approche de recherche porte sur des pratiques sociales, populations et problématiques variées (écologie, travail, management, éducation, sexualité, violences, migration, sport, art, politique…). Si ces deux courants entretiennent pareillement un dialogue pluridisciplinaire, elles se distinguent par leur inscription disciplinaire : sociologie pour l’une, psychologie pour l’autre.

La sociologie clinique est un courant de la sociologie institué dans les années 1970 au sein du Laboratoire de Changement Social, autour de Vincent de Gaulejac. Elle s’attache à repérer et expliquer les multi-déterminations sociales et psychiques qui s’imposent aux sujets, à comprendre comment ils et elles les vivent — se le représentent, les investissent, y résistent, s’en défendent ou s’en dégagent —, et comment la réponse élaborée face à ces déterminations contribue à la (re)production des institutions et des organisations.
Depuis son apparition, la sociologie clinique a connu une forte expansion : elle est maintenant présente et enseignée dans de nombreux pays d’Europe (Belgique, Suisse, Espagne, Grèce) et des Amérique du Nord et du Sud (Québec, Mexique, Argentine, Chili, Brésil, Uruguay, Colombie…).

La psychosociologie enseignée dans ce master est inscrite dans les apports des traditions françaises, anglaises et états-uniennes de la psychosociologie clinique, tels que formalisés par Florence Giust Desprairies notamment. Elle porte une attention particulière aux représentations individuelles et collectives, aux imaginaires sociaux et aux liaisons qui s’établissent entre expériences singulières et significations sociales dans les institutions, les organisations et les groupes. Elle analyse les interdépendances entre individus et collectifs, sujets et politiques, processus psychiques et processus sociaux, l’imaginaire et le symbolique, intériorité et extériorité.

L’axe clinique du LCSP de l’Université Paris Cité réunit aujourd’hui quarante chercheur.es dont une dizaine de doctorants, dont deux co-tutelles avec des universités étrangères. Ceux-ci se retrouvent régulièrement dans un séminaire doctoral clinique codirigé par Marie-Anne Dujarier et Fabienne Hanique.

Fondateur de ce courant sociologique, le LCSP a un rôle d’animation scientifique dans le cadre d’associations sociologiques nationales (Rt 16 de l’AFS) et internationales (Cr 19 de l’AISLF et RC 46 de l’ISA).

Il est en lien avec le champ professionnel et notamment le Réseau international de Sociologie Clinique (Risc) et avec le Centre International de Recherche de Formation et d’Intervention en Psychosociologie (CIRFIP).

Des membres de cet axe dirigent la collection Sociologie clinique chez Erès et la collection « Clinique et changement Social » à L’Harmattan, ou font partie de la rédaction en chef de la Nouvelle Revue de psychosociologie. Ses membres participent aussi aux comités de rédaction et de lecture de nombreuses revues de sciences sociales, sociologie, psychosociologie et de psychologie clinique et en particulier la Clinical Sociology Review.

En plus des Journées d’étude et de colloques internationaux réguliers, l’axe clinique organise chaque année depuis quarante ans un séminaire annuel intitulé « Histoire de vie et choix théorique », dont les actes sont publiés.
Lui sont adossés deux masters, l’un orienté vers l’apprentissage de la recherche (Master « Sociologie clinique et psychosociologie ») et l’autre plus professionnalisant (« Théories et Pratiques de l’Intervention Clinique dans les organisations, TPICO ») qui regroupent cinquante étudiant.es chaque année.

Quelques références pour en savoir plus sur l’approche clinique :

  • Vincent De Gaulejac, Fabienne Hanique, Pierre Roche, La sociologie clinique. Enjeux théoriques et méthodologiques, Erès, 2007.
    • Vandevelde-Rougale, Agnès, et Pascal Fugier. Dictionnaire de sociologie clinique. Érès, 2019, consultable sur Cairn
    • Vincent de Gaulejac, Florence Giust-Desprairies, Ana Massa, La recherche clinique dans les sciences sociales, Erès, 2013.

Vidéos :
Vincent de Gaulejac à propos du livre Le capitalisme paradoxant (sur Xerfi Canal)
M.A Dujarier sur son livre Troubles dans le travail (Arte)

Pour suivre l’actualité des ouvrages parus en sociologie clinique en France voir : https://www.sociologie-clinique.org/france/publications/

 

 

 

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