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Marie Cuillerai

marie.cuillerai@u-paris.fr

  • Professeur de philosophie (17ᵉ section)
  • Présidente du Conseil Scientifique de l’IHSS
  • Responsable de la Mention Sociologie et Philosophie Politique. Master Sciences Sociales
  • Co-directrice de la Revue Tumultes, Ed Kimé,
  • Membre CR de la Revue Condition humaine / Conditions politiques,
  • Membre CS la Revue Cahiers critiques de philosophie, Hermann, Paris.
  • Membre CS des Dialogues Philosophiques de la Maison de l’Amérique Latine

 

Domaines de recherches

 

Philosophie politique et sociale : épistémologies critiques de l’économique

Philosophie contemporaine : le sujet de l’économie

 

Présentation générale 

 

La philosophie que j’explore se déploie entre les critiques du pouvoir et celle de l’économie politique pour interroger les rapports, pratiques, théoriques entre des sphères d’actions et de rationalités considérées comme séparées : politique, social, économique. L’autonomie du politique, la séparation des sphères de rationalité, le « tout est politique » se concurrencent au rang des systèmes théoriques ; les mailles du filet sont peut-être encore trop larges pour ne pas laisser échapper conduites, fuites, alternatives, créativités politiques et économiques, usages critiques mineurs, mais aussi déconstructeurs. Ces alternatives hétérotopiques éclairent les bifurcations nécessaires face aux changements terrestres.

De Foucault à Rancière, d’Arendt à Habermas, en passant par Abensour ou Castoriadis, la critique de l’économie politique singularisée par Marx est remise en question sur deux versants : celui d’une réduction économiciste pensée depuis l’autonomie du politique et celui de l’identification d’une rationalité instrumentale limitée du point de vue du monde vécu. De Baudrillard à Deleuze ou Negri, la critique du capitalisme épouse les figures d’une réintrojection du négatif qui tantôt se rabat dialectiquement sur l’autre économie (l’économie libidinale), ou bien qui retombe dans les apories de l’analytique de la finitude (hubrys capitaliste). Entre ces tendances critiques, mon interrogation de l’économie politique porte un regard oblique attachés aux institutions et aux destitutions.

Cette épistémologie critique s’appuie sur l’archéologie de l’économie politique occidentale, sur le décentrement du sujet plus largement porté par des épistémologies critiques et alternatives qui ne cessent de réinterroger le sujet à partir des subjectivations pratiques de l’émancipation. Son fil conducteur est la problématisation du sujet, aussi bien individualisé dans les figures d’une subjectivation libérale et néolibérale de l’intérêt, que projeté dans l’hypostase historiciste de forces conduisant une Histoire dialectisée (Capital, Prolétariat, Raison instrumentale, Anthropologie de la finitude humaine ou des limites de l’oecoumène, Énergétique de l’inconscient, etc.)

Mes travaux ont ouvert un dialogue avec la Théorie de la Régulation, concernant en particulier les notions de monnaie et de dette (M. Aglietta, J. Blanc, R. Boyer, A. Orléan, B. Théret, etc. ) et les critiques contemporaines du pouvoir. De par la dimension pluridisciplinaire de leur approche du phénomène monétaire comme institution sociale et non comme instrument économique, ces économistes ont rendu visible un espace pour une recherche sur l’argent, la monnaie, la dette, la marchandisation, le capital humain, etc. Cette recherche sur le politique porte l’enjeu de la critique en dehors de l’intrigue fondationnelle de l’État et relie le présent de luttes sociales aux formes de subjectivation politique qui altèrent les régimes de la régulation marchande, qu’ils soient ou non appliqués aux fonctions assurantielles de l’État de droit.

Cette recherche théorique permet d’identifier comment la constellation du « Moment 60 de la philosophie » (G. Bataille, P. Klossowski, G. Deleuze, F. Guattari, J. Baudrillard, G Debord, J.-F Lyotard, etc.,) a déporté la critique de l’économie politique vers une économie libidinale butant sur les enjeux d’une ontologie du social. Elle comporte aussi un versant hétérotopique qui est plus ancré dans l’analyse des pratiques et des mouvements sociaux, et qui est inspiré autant par la pensée de l’excès que par l’exigence d’égalité de J. Rancière. Voix divergentes qui sont cependant portées par une inquiétude utopiste, une exigence de sensibiliser le savoir dans des pratiques matérielles subversives.

La problématisation des ontologies du social où ont puisé les philosophies françaises contemporaines dans leur distance d’avec l’héritage hégélien, s’est historiquement construite dans les querelles autour de la perspective critique de l’École de Francfort et du post-structuralisme. Un contexte de critique du savoir s’y déploie qui est mobilisable au titre de l’analyse des transformations actuelles du social, mais qui doit aussi reconsidérer l’échec politique de la pensée de G. Bataille et l’utopie critique esquissée par P. Klossowski Elles sont étudiées dans le programme de recherche interdisciplinaire que je mène depuis 2017 en partenariat avec des sociologues, anthropologues et politistes de l’Université San Martin en Argentine sous le titre « Corps (sensible) et Biens (communs) ». Nous coordonnons d’une part, nos ressources documentaires pour la formation des étudiants en donnant accès à ces savoirs mineurs ; et d’autre part, nous nous intéressons aux narratifs utopiques actuels qui rejouent un « partage du sensible » par des expérimentations alternatives de l’économique, en particulier dans le cadre de l’économie populaire argentine et de ses linéaments européens, en Grèce notamment, organisant une solidarité horizontale qui se démultiplie par exemple avec des réseaux supranationaux de monnaies sans État (des SEL aux réseaux de monnaie électroniques). Je cherche à instruire là où elles s’inventent institutionnellement et anarchiquement des politiques de la monnaie.

Publications récentes

 

« Perspectives démocratiques des monnaies alternatives » in Blanc J., Théret, B. (dir.) La monnaie entre unicité et pluralité, » Éditions Classiques Garnier, 2024.

« Monnaie et politique : marronages sur la souveraineté monétaire » Conférence enregistrée pour Coopaname  https://visio.coopaname.coop/b/lud-yaz-tri-pxc Janvier 2024

« Money, Women, and Philosophy in the Twentieth Century: Living Currencies and the Gender of Capital », in Tinguely Joseph ( Ed.) The Palgrave Handbook of Philosophy and Money : Vol. 2. Modern Thought. 2024

Cuillerai M., Flipo F., dir, 1917/2017 Actes du Colloque Révolution et émancipation 2 et 3 février 2018, Paris : Presses des MINES, collection Histoire, sciences et sociétés, 2020.
Cuillerai M., Rambeau F. dir, Violences. Histoires, Théories, Expériences,  Tumultes, n° 55, Éditions Kimé, 2021.

« Visages de la civilité pandémique », in Mazzone S, Menissier T. (et alii) Métamorphoses de la sociabilité, éditions Université Catania, Éditions Mimésis, 2022.

Plurivers. Dictionnaire du post développement, (Traduction anglais ou espagnol de 8 articles sur l’économie décroissante), Wild Project édition, 2022

« La Monnaie contre l’Etat. Perspective foucaldienne sur la monnaie » in Mathieu A. et Boccon-Gibod T. (dir.) Démocratie, Monnaie, Souveraineté, Édition du Bord de l’eau, 2022.

« New Age of ECB », Chapitre, in Louis-Philippe Rochon, Sylvio Kappes and Guillaume Vallet (éd.). Central banking, monetary policy and social responsibility, Edward Elgar Publishing, 2022.

« Extension du domaine de la dépense », (Cuillerai M., Rambeau F., dir.) Tumultes, Violences. Histoires, philosophie et pratiques sociales » n° 57, Kimé éditions, automne 2021.

« G. Bataille au Collège«  , in Venir après la Reforma Universitaria de 1918 et Mai 68, (A. Chausovsky, E.Donato, P. Vermeren et A. Weler, Dir.) L’ Harmattan, 2021.

« De la LRU à la LPPR », entretien par J. Peghini, Journal des Anthropologues, AFA, Hors Normes, 2020.

« O contra Hobbes de Pierre Clastres e de… Foucault », Ponto-e-Vírgula, https://revi stas.pucsp.br/pontoevirgula, Tradução de Silvana Tótora (Professora do Programa de Estudos Pós-Graduados em Ciências Sociais da PUC-SP), 2020.

« Economies populaires » Préface, V. Gago, Économies populaires et luttes féministes. Résister au néolibéralisme en Amérique du Sud, Raisons d’agir Éditions, 2019.

« Du refuge à l’oikos » in Cosmopolitique en exils. Des xénopolis à l’édification d’un monde commun, C. Louis et E.Tassin dir., Tumultes, n°51, Kimée, 2019.

« Peuples endettés. Politisation de l’économie », La dette souveraine, J. Christ et G. Salmon (dir), EHESS éditions, 2018.

Michel Foucault 30 años: gubernamentalidad, subjetivaciones y escrituras de sí  ISBN 978-958-5525, Fondo Editorial Universidad Del Atlantico , 2018

Monnaie et pouvoir: une lecture foucaldienne, Diferencias, Revisat de teoria social contemporanea, Vol 1, No 5 (2017) > http://www.revista.diferencias.com.ar/index.php/diferencias/article/view/131

« Politiques de la monnaie », in Dossier Deleuze (F. Rambeau dir.), Implications philosophiques, ISSN : 2105-0864, mai 2016.